Sur la voie du tressage
(Towards Braiding)
le numéro
Arts autochtones : Ressources pour imaginer, réfléchir et travailler dans une démarche de décolonisationéditeur
Fondation Musagetes
Auteur.e.s
Elwood Jimmy et Vanessa Andreotti, avec Sharon Stein
Lien direct
https://musagetes.ca/document/towards-braiding/Ce livre qualitatif, centré sur les autochtones, offre une vision inspirante des relations entre autochtones et colonisateurs, qui pourrait être particulièrement utile aux organismes qui travaillent en vue de la décolonisation. Le livre « est basé sur des conversations organisées durant un processus collaboratif continu entre Elwood Jimmy et Vanessa Andreotti dans le cadre de leur travail avec la Fondation Musagetes. Cette dernière a pour mandat de placer davantage les arts au cœur de la vie des gens, de nos communautés et des sociétés, et de les amener à jouer un rôle plus significatif. »
Le livre utilise les métaphores des « briques de construction » et du « fil à tricoter » pour comprendre les différentes perspectives de la vie. « Le sens et les sensibilités de la brique représentent un ensemble de manières d’être qui met l’accent sur l’individualité, la fixité et la linéarité », alors que l’idée associée au fil « met l’accent sur l’entrelacement, la flexibilité du passage d’une forme à une autre, et les diverses couches temporelles ». Le livre présente des façons d’être, des façons de connaître et des tendances en communication associées à chaque perspective.
La notion de tressage dans le livre est définie comme « une pratique future, positionnée à la fois entre les briques et les fils, mais aussi à la limite de chacun, dans le but de calibrer chaque sensibilité pour l’amener vers une orientation génératrice et entrelacer leurs fils pour créer une nouveauté pertinente dans le contexte, sans pour autant effacer les différences, les violences historiques et systémiques, l’incertitude, les conflits, les paradoxes et les contradictions ».
On y retrouve de nombreux trucs pour réussir le tressage (ou la décolonisation) :
- Commencer par ce qu’on ne sait pas, un lieu potentiellement génératif;
- Aborder les choses différemment et entamer les discussions « en accordant de l’importance à l’humilité et à la formation continue, et en recentrant les relations »;
- Faire preuve de patience et de générosité, et courir des risques;
- Identifier et utiliser un langage « génératif » concernant les relations colonisateurs-autochtones, l’art socialement engagé, la philanthropie axée sur la transformation sociale et la prise de décisions au niveau des organisations;
- Poser les questions clés concernant « vos attentes, vos intentions et les retombées de vos choix, et [penser] systématiquement [à] la façon dont ces éléments découlent plus largement d’un contexte social et historique ».
Le livre présente également les conditions nécessaires au tressage et les embûches à éviter. Certaines de ces embûches peuvent même affecter des organismes ayant « une véritable volonté d’approfondir des liens et des relations », notamment :
- Ne pas « imaginer que d’autres façons de travailler, de collaborer et de communiquer sont possibles »;
- N’intégrer que le « contenu non menaçant pour les autochtones » et mettre en œuvre des changements superficiels;
- Instrumentaliser les travailleurs autochtones, se contenter de les inclure en façade et avoir des attentes irréalistes envers eux.
On y recommande des façons de travailler en vue d’un « tressage », c’est-à-dire « envisager la possibilité d’adopter une façon très différente d’être ensemble qui nécessite d’interrompre les habitudes coloniales dominantes ».
La dernière section du livre aborde des questions qui devront faire l’objet d’une plus grande recherche, notamment « les relations entre les communautés autochtones et racisées; les autochtones et les approches de décolonisation à l’égard des changements climatiques; de même que l’hétérogénéité interne des communautés autochtones. Ces trois intentions nous rappellent les nombreuses complexités associées au travail de tressage, et les façons dont ces complexités opèrent simultanément sur plusieurs couches. »