La créativité quotidienne en Colombie-Britannique et la COVID-19
(BC Everyday Creativity & COVID-19: Research Report 2021)
le numéro
Les arts et les transformations postpandémiques : Regard sur les artistes, les arts et les changements au sein de la sociétééditeur
Alliance for the Arts and Culture (C.-B.)
Auteur.e.s
Carolyne Claire
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https://www.allianceforarts.com/everyday-creativityEn mettant en lumière « les façons dont la population [de la Colombie-Britannique] s’est tournée vers les activités créatives durant la pandémie », cette étude soutient qu’une plus grande valeur devrait être accordée aux arts, au-delà de l’excellence de l’esthétique, notamment sur le plan des « répercussions dans la communauté en matière de justice sociale, de durabilité environnementale, de qualité de vie et d’autres facteurs ». Le rapport repose sur une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de la population britanno-colombienne, ainsi que sur une série d’entrevues réalisées avec des représentants de 40 organismes artistiques de partout dans la province.
Comment et pourquoi la population britanno-colombienne apprécie-t-elle les activités créatives? L’enquête menée auprès du public a découvert que, durant la pandémie, « l’amélioration de la santé mentale » pesait plus fortement dans la décision des gens de prendre part à des activités créatives (motif choisi par 24 % des personnes interrogées, comparativement à 12 % avant la pandémie). Les résultats de l’enquête démontrent également un intérêt et une participation accrus aux activités créatives durant la pandémie (une moyenne de huit heures, par personne, par semaine, comparativement à cinq heures avant la pandémie). L’enquête a utilisé une définition globale des « activités créatives », qui comprenait « écouter de la musique, essayer une nouvelle recette, lire un livre, faire de l’artisanat, suivre un cours de danse, visionner des films ou la télévision, voir un spectacle en direct, apprendre une langue, visiter une galerie d’art et plus ». Le rapport note que les activités créatives sont particulièrement appréciées par les personnes « qui s’identifient comme vivant sous le revenu annuel médian, ainsi que par les gens qui s’identifient comme des femmes, des parents et des personnes avec un handicap ».
Concernant les solutions qui favoriseraient la participation à des activités créatives, les personnes interrogées ont choisi le plus souvent la possibilité d’« avoir plus d’activités gratuites (27 %), et d’activités qui sont plus intéressantes et pertinentes dans leurs vies (26 %) ».
Les entrevues avec les représentants d’organismes artistiques ont révélé que, même si la plupart ont souffert des annulations et des reports de leur programmation durant la pandémie, une majorité « continuait d’offrir une programmation à la fois en ligne et en personne ». Pour les organismes, « le financement d’urgence offert par le gouvernement durant la pandémie était crucial à leur survie ». Malheureusement, un des organismes a tout de même dû fermer ses portes définitivement.
Le financement et l’espace sont des facteurs clés dans l’instabilité des organismes. Plus particulièrement, « les organismes artistiques mandatés pour soutenir les collectivités vulnérables ont souffert d’une plus grande instabilité ». La connexion Internet a aussi été évoquée comme un problème majeur pour les organismes ruraux ou éloignés, qui « ne pouvaient pas transférer leur programmation en ligne ».
Les organismes artistiques, même ceux ne disposant pas d’un mandat social précis, « ont couru des risques et fait appel à leur créativité, leurs compétences et leur énergie pour répondre à un besoin social précis au sein de leur collectivité et, de façon plus générale, veiller au bien-être des gens ». Les avantages perçus de leur travail comprennent notamment « la diminution de l’isolement social et de l’anxiété, de même que l’augmentation de la confiance des participants, de leur expression personnelle, de leur pensée critique, de leur mémoire et d’autres facteurs ». Le rapport note que, « compte tenu de la hausse des préoccupations sociales et environnementales que vivent les collectivités, il est possible que les organismes artistiques continuent de répondre à des besoins supplémentaires au sein des collectivités ».
Trouvant une « grande valeur sociale dans le travail des professionnels du secteur des arts qui peuvent diriger les collectivités dans des processus créatifs », le rapport soutient qu’un « modèle de financement plus démocratique pourrait mettre en valeur les processus artistiques plutôt que les produits artistiques » et que « les concepts dominants d’excellence artistique » devraient être recadrés.
L’étude conclut que, étant donné « les nombreux appels à accroître l’équité et la justice au sein de l’espace artistique et culturel, le secteur devrait en appeler à une transformation plus radicale dans le cadre de sa refonte à la suite de la pandémie ».