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Les pratiques artistiques des personnes sourdes et handicapées au Canada : Fiche synthèse

octobre 20, 202120 octobre 2021

le numéro
Les pratiques artistiques des personnes sourdes et handicapées
éditeur

Conseil des arts du Canada

Auteur.e.s

V. Leduc, M. Boukala, J. Rouleau, M. Bernier, A. Louw, A. McAskill, C. Théroux, L. Grenier, L. Parent, S. Bouscatier, S. Heussaff, D. Saunders, T. Tembeck, C. Grimard, E. Marcelli et O. Angrignon-Girouard

Lien direct
https://conseildesarts.ca/recherche/repertoire-des-recherches/2021/02/arts-sourds-et-handicapes

En s’appuyant sur des entrevues et des séances de discussion au sein d’un groupe de réflexion composé de 85 artistes et personnes travaillant dans le secteur culturel, ainsi que sur une revue de la littérature, ce rapport donne un aperçu des pratiques artistiques « des artistes sourds et des artistes handicapés au Canada, … des constats liés à l’accessibilité, à l’équité, à l’autodétermination et au soutien ». Le rapport vise à « favoriser le développement de pratiques d’équité culturelle » dans le secteur des arts, d’appuyer les organismes artistiques dans leur développement et de faciliter la pratique artistique des personnes sourdes ou handicapées.

Dirigé par une équipe « majoritairement formée de personnes sourdes et handicapées », le rapport utilise l’expression « personnes sourdes ou handicapées » pour décrire les personnes qui sont sourdes ou handicapées, mais aussi celles qui sont en situation de handicap, malentendantes, devenues sourdes, sourdes Usher, neurodiverses ou neuroatypiques; qui ont un handicap cognitif ou une déficience intellectuelle; qui vivent avec une maladie mentale ou des enjeux de santé mentale; ou qui s’identifient comme fous ou folles, etc.

Citant l’enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, le rapport indique que 22 % de la population canadienne de 15 ans et plus – soit 6,2 millions de personnes – avait au moins une incapacité qui les limitait dans leurs activités quotidiennes. Toutefois, le rapport mentionne également que certaines personnes sourdes peuvent ne pas voir leur surdité comme une incapacité. Par conséquent, elles pourraient ne pas s’être identifiées comme une personne ayant une incapacité dans le cadre de l’enquête.

Le rapport note que les artistes ayant un handicap sont « doublement désavantagé-es »; d’une part, puisque les personnes handicapées ont moins tendance à être employées et, d’autre part, parce que les revenus des artistes sont moins élevés que ceux des autres secteurs de main-d’œuvre. Comme le mentionnait un artiste : « Nous avons du mal à trouver les fonds dont nous avons besoin pour survivre d’une semaine à l’autre, à plus forte raison pour créer nos œuvres. »

Au-delà du simple accès à la culture artistique, l’autodétermination des personnes sourdes ou handicapées est soulevée comme un enjeu de taille : « les artistes façonnent la culture, certain-es se disent politiquement engagé-es, partageant leurs imaginaires et leurs points de vue sur le monde. Illes veulent également être impliqué-es dans toutes les situations qui les concernent. ». Comme le mentionne une artiste au sujet de l’autodétermination : « je voudrais décider moi-même de ce qui compte pour moi, ce sont mes droits comme citoyenne du monde à part entière ».

Les pratiques qui pourraient soutenir « l’autodétermination des artistes sourd-es et handicapé-es [comprennent] notamment les politiques d’équité, le financement des pratiques, les événements ” par et pour ” [c’est-à-dire une participation active aux dialogues et au réseautage], ainsi que les outils et ressources pour développer des savoir-faire exemplaires ». Le rapport propose des liens vers diverses ressources pour « soutenir le développement des pratiques artistiques sourdes et handicapées ».

Pour traiter des pratiques artistiques des personnes sourdes et handicapées, le rapport se réfère à la typologie utilisée par l’organisme Deaf, Disability, and Mad Arts Alliance of Canada. La gamme de pratiques englobe les formes suivantes :

  • L’art lié au handicap (« une forme d’art traditionnelle pratiquée par des artistes handicapé-es »);
  • L’art inclusif des personnes handicapées (un art qui offre des « mesures d’adaptation […] pour permettre aux artistes non traditionnel-les de s’adapter aux esthétiques traditionnelles »);
  • La pratique des artistes qui s’identifient comme handicapé-es [ou l’art handicapé] (« laquelle embrasse et promeut les croyances politiques, la culture et la fierté des personnes handicapées tout en priorisant les choses comme la résistance et l’affirmation »).

Le rapport cerne des défis majeurs auxquels font face les artistes sourd-es et handicapé-es, et présente d’éventuelles mesures pour réduire ces défis et promouvoir leurs pratiques artistiques. Ci-dessous, un résumé de certaines conclusions concernant chaque défi :

  • Financement : Les processus de financement qui ne sont pas accessibles sont par conséquent discriminatoires. Par exemple, « l’importance consacrée aux écrits désavantage les artistes sourd-es ». Le rapport suggère de « mettre en place des mesures d’équité », ainsi que « d’offrir un mentorat qualifié et un soutien administratif sensibilisé ».
  • Accessibilité : Pour les personnes sourdes, les défis en matière d’accessibilité « nuisent à la pleine citoyenneté culturelle ». Parmi les obstacles, notons « l’absence d’interprètes, l’absence d’information en LSQ ou ASL, l’absence de sous-titres et de médaillons signés dans les vidéos ». Le rapport recommande d’améliorer « l’accessibilité des lieux de formation, de production et de diffusion » et de sensibiliser davantage la population au capacitisme et à l’audisme.
  • Représentation culturelle : Les personnes sourdes ou handicapées sont rarement représentées dans les arts et la culture. Qui plus est, les quelques représentations présentées sont souvent stéréotypées, exagérément négatives et simplistes. Le rapport propose le développement d’une « éthique de la représentation culturelle en incluant des personnes sourdes et handicapées dans l’écriture de scénarios et la validation des contenus médiatiques ».
  • Communications : La complexité du langage utilisé dans les processus de demandes de financement peut représenter un défi important, « en particulier pour les artistes sourd-es, neuroatypiques ou avec un handicap cognitif ». Une participante a noté que de nombreuses personnes qui ont un handicap intellectuel sont structurellement « exclues de l’enseignement post-secondaire ». Le rapport recommande que l’information soit diffusée « dans un langage simplifié, facile à comprendre ».

Enfin, le rapport conclut : « En puisant dans leur vécu de différentes oppressions et marginalisations, mais également dans la fierté de leurs appartenances, les pratiques artistiques des personnes sourdes et handicapées participent à la création de représentations de la sourditude et du handicap qui vont au-delà, voire déconstruisent le paradigme médical en mettant l’accent sur l’affirmation positive de leurs diverses expériences ».

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